La charcuterie comme outil d’expression et de narration
Diplôme Bérengère Brault
Cochette:
Le cochon est omniprésent dans notre société occidentale. C’est l’animal le plus consommé en France, tant pour sa viande que pour son intérêt industriel. C’est également un animal dont les représentations et la consommation ont été régulièrement et presque depuis toujours banalisées, voire décriées. Pourtant, au cours de recherches, des liens étroits sont apparus entre le cochon et des éléments auxquels nous attribuons un certain prestige, un certain raffinement et une beauté indéniable. L’intention du projet est de réajuster notre perception du cochon, donner à voir la noblesse et la préciosité de l’animal, contribuer à faire évoluer les pratiques de consommation (manger mieux mais moins) et in fine, les méthodes d’élevage. Pour ce faire, le projet s’appuie sur la charcuterie comme outil d’expression et de narration en suivant 4 axes , 4 voies d’accès nobles à cet animal digne de respect : le marbre, la porcelaine, la truffe et la soie. Au travers de la charcuterie, l’objectif est de parler de moment d’exception, d’attention à la matière et explorer de nouvelles méthodes de transformation qui rendent grâce au cochon.
Le cochon et le marbre
Le cochon supposément rose, celui que l’on connaît tous est une espèce hybride, issue d’un croisement de trois races. Afin de rendre compte de cette rencontre, de ce mélange visible, on utilise la technique des saucissons, qui raconte dans sa mise en forme le mélange et la fusion. Un parallèle est ensuite fait avec le marbre, matériau issu de la rencontre de différentes roches et dont la préciosité est inhérente à la matière.
Le cochon et la truffe
Le cochon possède une aptitude naturelle à trouver la truffe et est même attiré par ce champignon car il émet une phéromone identique à celle du verrat en période de reproduction. Ici, l’idée est de mettre en valeur le museau pour constituer une nouvelle spécialité charcutière qui s’utilise comme la truffe. Cette spécialité convoque trois ingrédients principaux: la betterave, la sauce soja et le poivre.
Le cochon et la porcelaine
La porcelaine tient son nom d’un coquillage nommé ainsi en raison de sa ressemblance avec la vulve de la truie. C’est une matière délicate et parfaite pour cuisiner. Elle est utilisée ici comme presse pour créer de nouvelles silhouettes de saucissons. Dans cette proposition, je met en valeur le gras (assez mal perçu) en mettant à profit sa capacité à capter les odeurs environnantes pour aromatiser subtilement les saucissons avec différents éléments. Glissés dans les interstices, ceux-ci répandent leur parfum au travers des ouvertures, tout au long du séchage.
Le cochon et la porcelaine papier
Dans cette piste de travail, la translucidité de la porcelaine papier est utilisée pour mettre en lumière de manière ponctuelle les fibres musculaires ou le gras présents dans la charcuterie. Il se crée une expérience d’achat ou de dégustation particulière où l’on s’attarde sur le visuel avant de sélectionner ou de déguster la charcuterie voulue. En prenant le temps de goûter et de toucher avec les yeux, on amplifie le moment de la dégustation.
Le cochon et la soie
Le cochon présente sur sa peau des soies, autrefois utilisées pour la fabrication de pinceaux mais aujourd’hui tombées en désuétude. Elles dessinent des motifs et des parures si belles qu’il était presque évident d’en faire des carrés de soies. Ces carrés sont utilisés pour emballer toutes sortes de charcuteries selon une technique de pliage japonaise appelée furoshiki. Ces charcuteries sont ainsi présentées comme des cadeaux, des offrandes.